Adaptation

2013 – Projet internet et performance – appel à projet COAL
Thème : « L’adaptation »

Pour les écologues, l’adaptation est un processus passif, résultat d’une sélection naturelle de certains caractères héréditaires qui procurent aux individus qui les possèdent un avantage sur les autres vis à vis d’une pression environnementale, d’une modification de leur habitat. Ce processus adaptatif se déroule généralement sur des périodes longues. On dira pour simplifier qu’une espèce est particulièrement bien adaptée à son habitat, si elle n’occupe que ce type de milieu très spécifique. Cet avantage écologique devient un piège pour ces espèces spécialisées lorsque leur milieu spécifique subit des modifications rapides ou est détruit. Ces espèces, très adaptées à un type de milieu, sont finalement moins aptes à résister à des modifications rapides de leur environnement.

Pour les écologistes, l’adaptation est au contraire une vertu active et souhaitable, grâce à laquelle l’espèce humaine, en prévision d’une évolution à venir supposée peu favorable, serait capable de mettre en place des stratégies destinées à éviter, ou pour le moins limiter, l’apparition de pressions environnementales résultant de modifications de l’environnement extérieur induites par l’activité humaine. L’idéal, qui prend le nom de développement durable, permettrait une amélioration des conditions de vie, tout en limitant ces modifications du milieu susceptibles de devenir des pressions qui détérioreraient nos conditions de vie. Cette philosophie très conservatrice est assez éloignée de la réalité biologique dans laquelle l’univers, et particulièrement le monde vivant, est en perpétuel évolution et où toute situation stable n’est qu’apparente ou transitoire.

Bien sûr on a raison de s’inquiéter de l’évolution actuelle du monde, du changement global, mais la raison fait-elle partie de notre mode de fonctionnement collectif ? Les comportements individuels ne prennent en compte que les contraintes réelles pour l’individu. S’il est nécessaire d’afficher des comportements collectifs ne résultant pas d’une contrainte extérieure, on voit apparaitre des comportements détournés qui en apparence prennent en compte les objectifs raisonnables souhaités, mais se réduisent à des actions palliatives consistant à sacrifier une petite partie du superflu, à faire une aumône, aumône qui ne compense jamais la pauvreté.

Si les politiques estiment que l’avenir nécessite des adaptations de nos conduites, seules les contraintes semblent être de nature à produire réellement des effets : si le prix des carburants double, la consommation va évidemment baisser, résultat d’une adaptation dans laquelle les moins riches devront trouver d’autres moyens de déplacement. C’est ce qui se passe dès qu’il y a une crise internationale sur le pétrole. Ce mode de gestion par crise traduit évidemment une absence de politique prévisionnelle car il est clair que les populations ne souhaitent pas subir des évolutions brutales. Si l’on veut éviter de gérer par la contrainte, il faut mettre en place des politiques d’incitation mais celles-ci s’avèrent très couteuses. Finalement, compte tenu de l’état des finances publiques, mieux vaut dire que faire. Le discours sur l’adaptation, pilier du développement durable, prend finalement une tournure moraliste qui conduit à se sentir en tort, utilisant la mauvaise conscience comme principe d’action.
Générer des comportements souhaitables sans mettre en place les contraintes ou incitations nécessaires relève d’un mode d’action accepté dans le cadre d’une croyance (fictionnelle mais intégrée par l’individu) du type religion par exemple : le comportement réel intègre volontairement des contraintes qui ne sont dictées que par des règles subjectives et fictionnelles.

D’où l’idée de développer un volet sur le respect nécessaire de la nature, œuvre de Dieu, que l’Église devrait mettre en avant. L’Église, qui sut distribuer les indulgences, saura très bien faire coexister le nécessaire développement économique avec les privations que devront supporter les fidèles. Il y a d’ailleurs là une convergence souhaitable entre les objectifs politiques et religieux dans la mesure où, en Europe particulièrement, l’Église recule. Son discours doit s’adapter aux problématiques actuelles et un look plus vert ne pourrait qu’améliorer son image. Déplacer le discours politique actuel d’un écologisme pseudoscientifique vers un dogme à intégrer serait beaucoup plus efficace. Ainsi la proposition artistique se présente comme une fiction (une page d’un site internet, ou d’un journal) présentant une image qui laisse penser que les préoccupations environnementales ont touché le Vatican et un message simple (ne remettant pas en cause l’orthodoxie religieuse) dans ce sens, tel que :

LA NATURE EST L’ŒUVRE DE DIEU. RESPECTONS-LA.

Des cartes postales seront éditées et distribuées lors de performances organisées en différents lieux publics.

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